La nescience de soi : une voie pour le management ?

La nescience de soi : une voie pour le management ?

Réveiller et faire preuve de courage managérial à la hauteur des enjeux de la société, c’est ma vocation et par la même, celle de mon entreprise.

Le mot-clé ? Les enjeux ! Oui, car ils sont fameux les enjeux à relever : réinventer nos modes de consommation, nos modèles économiques, innover à tous les niveaux pour parvenir à plus de durabilité, embarquer tout le monde dans le train, protéger le plus grand nombre, y compris les plus faibles, les plus fragiles, les moins diplômés…

Alors que nous devons imaginer et réinventer en très grand, nous publions nos petites têtes en selfies par milliards en nous gavant de techniques de développement personnel.

Comment s’excentrer et penser collectif dans un monde autocentré en permanence ?

Un élément de réponse ne serait-il pas la nescience de soi, qui est l’inverse de la conscience de soi, c’est-à-dire : « arrêter de se regarder soi-même».

C’est au philosophe Raphaël Enthoven que je dois la découverte de ce concept de « nescience de soi ». Dans une capsule Brut Philo, il pose un regard critique sur une foule d’individus qui assistent à un événement sportif exceptionnel, sans le voir et derrière leur smartphone.

« Filmer sa vie plutôt que de la vivre. Quel en est le résultat ? C’est un déni du présent »

« Mettre le réel à distance, c’est se permettre de ne pas agir ». C’est vivre dans l’illusion. Jusqu’à ce que ce réel vous revienne à la figure, souvent à coups d’angoisses.

La nescience de soi consiste à être purement ce que l’on est, sans s’autocentrer.

Or tous les objets modernes nous invitent en permanence à se regarder le nombril, à l’embellir, à le filtrer, à le poster.

Les courants et ouvrages de développement personnel également. Centrés sur la conscience de soi, nous sommes invités à écouter en permanence nos besoins, nos envies... et à les suivre pour trouver, (soi-disant) la voie de la sérénité et du bonheur.

La nescience de soi, à l’inverse, pourrait, selon le philosophe, nous rendre « le sens de la vue, c’est-à dire cette capacité à regarder le monde dans son ensemble ». Elle invite à une vision collective, à plus de générosité...

Et dans le management ?

Prendre et assumer une décision difficile et impopulaire : comme recadrer, licencier, réorganiser, fermer une entité obsolète, changer de business model...

S’exposer/prendre des risques : dénoncer un non-respect des valeurs, porter sa voix à contre-courant, disrupter…

Lâcher le pouvoir : le partager, s’entourer de plus forts, faire grandir l’autre…

Trop de conscience de soi peut être un frein à l’action. Or c’est l’action qui engendre le courage. La pensée est toujours nécessaire, mais seule l’action compte in fine.

Trouver la juste balance entre conscience de soi et nescience de soi, voici peut-être une nouvelle clé du courage managérial dont nous devons faire preuve dans nos entreprises. Et de terminer sur une pensée de Jankélévitch, penseur de la nescience de soi, traduisant bien le niveau d’incertitude et parfois d’abnégation dont le courage a besoin pour pouvoir s’exprimer. Il nous dit ceci :

« le courage choisit dans la nuit. »

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