7 questions de dirigeants

Par Christine Thioux, Administrateur-Directeur

Il était plus que temps… comment aurions pu laisser nos jeunes, nos familles, notre personnel dans l’isolement perpétuel ?

Bien que la réalité humaine soit d’être « intrinsèquement seul » (Cf : le sublissime ouvrage « L’Amour, la Solitude » d’André Comte-Sponville), l’Homme n’en reste pas moins « un animal social », ayant besoin d’être en lien avec d’autres pour survivre. Cette vue de l’esprit d’Aristote est complètement d’actualité.

L’enjeu de la réinstauration des liens sociaux est bien notre santé mentale mais aussi, celle de notre économie qui, dans un cercle vertueux, engendre des répercussions positives sur le bien-être social et collectif.

Entre enthousiasme et appréhension, des dirigeants de PME et Managers RH de plus grosses organisations nous ont fait part de leurs préoccupations à travers 7 questions quant à la reprise d’activité en cette rentrée.

1. Comment instaurer le télétravail et le répartir au mieux, sans créer un sentiment de favoritisme, voire de jalousie ?

Ne jamais confondre la Personne et la Fonction !

Il ne s’agit pas d’octroyer le télétravail à Pierre, Jacques ou Caroline, mais bien de déterminer les responsabilités et tâches qui sont réalisables de manière tout aussi performante à distance !

Faites donc l’analyse de votre organigramme et réalisez une cartographie des fonctions et responsabilités « télétravaillables ». Rédigez ensuite un process ou une charte de télétravail commune pour l’entreprise. Vos décisions seront objectives/rationnelles, non-sujettes à controverses.

2. Comment s’assurer que le télétravailleur est aussi productif qu’en présentiel et quelles sont les méthodes pour allier motivation et surveillance à distance ?

Le contrôle absolu de la productivité du télétravailleur est un mythe ! La première étape est donc d’en faire le deuil !

Vous pouvez, par contre, augmenter la qualité et la fréquence de vos communications, instaurer des systèmes de reportings plus réguliers et plus précis, ascendants et descendants, ce qui augmentera le sentiment de maîtrise des informations.

Ne contrôlez pas le temps, mais managez par objectifs ! L’enjeu ne doit plus être les horaires de travail, mais bien le résultat ! Ce délivrable devra être réalisé dans un temps imparti, fixé par les deux parties à l’avance.

3. Comment aider nos managers à gérer sereinement les équipes à distance ?

Avoir ses équipes en télétravail partiel, pour certains managers, équivaut à une perte de pouvoir. Cela peut être vécu comme une épreuve de force. Le télétravail étant une forme d’hyper-autonomisation, le corolaire indispensable pour que cela fonctionne est la confiance. Or, celle-ci n’est pas inscrite naturellement dans nos cultures de management.

Le manager va devoir entamer un vrai travail de développement personnel de « lâcher-prise », lâcher son désir de contrôle, son désir de toute-puissance pour progressivement augmenter le niveau de confiance envers l’autre qui n’est pas moi. 

Un coaching individuel peut être recommandé car il s’agit d’un travail lent et profond, touchant les valeurs et les mentalités.

4. Comment rester positif et confiant face à un tel tapage médiatique ?

Misez sur les bonnes nouvelles ! N’oubliez jamais de communiquer les réussites, les actions positives et les succès, aussi petits soient-ils !

Puisque l’éthique des média laisse largement à désirer, et je m’en étonne tous les jours, c’est de notre responsabilité de dirigeant que de contrebalancer ce courant morbide en montrant tout ce qui avance, tout ce qui fonctionne, tous les signes de reprise et de projection optimiste.

« La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres » J.-P. Sartre

5. Comment garder les collaborateurs motivés et impliqués dans cette période de crise, avec du chômage économique partiel et une chute du chiffre d’affaires ?

Misez sur la vision à long terme !

Toute période de crise est une bonne manière d’éprouver le niveau de résilience de son organisation, ainsi que la solidarité entre ses membres. Il s’agit de rappeler continuellement le projet commun, le ce pour quoi nous sommes ensemble…

6. Comment donner du sens au travail et des perspectives dans une période aussi incertaine que celle-ci ?

L’incertitude, le cerveau n’aime pas ! Nos réflexes archaïques nous poussent à vouloir contrôler les situations, toutes les études en neurosciences le montrent. L’incertitude est donc biologiquement source d’angoisses.

Or l’angoisse se traite par la parole !

En période de crise, il faut sur-communiquer : instaurer plus d’échanges, plus de débats, plus de communications écrite et aussi.. plus de veille de chacun.

7. Comment communiquer avec ses équipes lorsqu’on ne voit pas soi-même vers où l’on se dirige ?

Optez pour la posture d’humilité ! Dans nos cultures, un dirigeant se doit d’être fort, de tout savoir et de tout maîtriser.. or c’est un leurre. Plus personne n’est dupe !

Choisissez une communication vraie qui laisse une part à l’incertitude. Osez dire : « actuellement, je ne sais pas… ». Un aveu de non-savoir, même pour un dirigeant, est puissant, car il sonne juste et que toute vérité, quelle qu’elle soit est bien plus rassurante que toute fausse promesse.

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